lundi 14 janvier 2008

Trafic de femmes maliennes vers la Libye

C’est une correspondance ultra confidentielle émanant de l’Ambassade du Mali à Tripoli qui tire la sonnette d’alarme : des femmes et jeunes filles d’origine maliennes sont régulièrement convoyées vers la Libye pour servir d’esclaves sexuelles. Si le fait n’est pas nouveau, il prend cependant beaucoup plus d’ampleur aujourd’hui au point de susciter une réaction diplomatique.

Le premier cas de ce genre de trafic a été signalé en mai 2004. Une cinquantaine de jeunes filles et femmes maliennes ont alors accepté le deal suivant : se rendre en Libye pour y devenir des objets sexuels. Des éléments de la délégation Libyenne, après le Sommet de la CEN-SAD se sont employés à finaliser l’opération. C’est à bord d’un car et d’un véhicule 4 x 4 que les demoiselles furent transportées à la Clinique Pasteur sis à l’ACI pour effectuer au préalable un dépistage SIDA. Les belles embarquées, au nombre d’une cinquantaine, ont empoché chacune entre 10.000 et 20.000 dollars US (5 à 10. millions F CFA en moyenne au moment des faits).

Aujourd’hui, un véritable réseau installé à Bamako poursuit la même activité. Les appelées perçoivent malheureusement moins que leurs prédécesseurs en 2004, soit 1.500 dollars (moins de 750.000 F CFA) au départ. Sur place, confirment des sources bien informées, elles doivent « travailler » dur pour rembourser les frais de voyage. Nombreuses parmi elles n’ont plus la possibilité d’effectuer le voyage de retour. Et le piège se renferme ainsi sur elles.

L’ambassade malienne à Tripoli a déjà enregistré de nombreux cas au point de signaler le phénomène à Bamako. Joints au téléphone par nos soins, le Ministère des Affaires Etrangères et celui des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine se jettent mutuellement la charge du dossier. De part et d’autre en effet, il incomberait à l’autre département de gérer une telle question. Chacun prend cependant soin de nier au préalable les faits.

Pourquoi donc démentir un acte dont on n’a pas la charge et surtout qui relèverait de la compétence d’autrui? Il ne s’agit nullement d’une relation diplomatique entre les deux pays, relations qui se trouvent d’ailleurs au beau fixe ! Il s’agit plutôt de l’attitude de quelques individus, maliens et libyens, coupables de bassesses. En tout état de cause : nos sources, depuis Tripoli et à Bamako, sont formelles : ce genre de trafic existe bel et bien entre la Jamahira Arabe Libyenne et le Mali.

Elles vont même plus loin : une «femme d’affaires» bien connue dans certains milieux huppés de la capitale est la patronne dudit réseau lequel se trouve désormais bien huilé au point que l’on ne retrouve presque pas de femmes parmi les centaines de refoulés maliens de la Libye. Il s’agit, à ne pas en douter d’un cas de prostitution transfrontalière qui interpelle les autorités de part et d’autres. Quand bien même ces femmes soient consentantes, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un vil trafic et d’une offense à la dignité humaine en générale et Malienne en particulier.

Bamako se doit de réagir d’autant plus que nombreuses sont ces « esclaves sexuelles» désireuses de regagner le bercail à défaut d’échapper tout simplement au contrôle de leurs maîtres Libyens. Rappelons qu’un scandale similaire est déjà survenu au Sénégal et a quelque peu assombri les relations diplomatiques entre Libyens et Sénégalais au moment des faits.

Source:Le Mali.fr

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