lundi 21 janvier 2008

Droits de l’Homme: Tombouctou à l’honneur

La ville de Tombouctou était, la semaine dernière, à l’honneur. La Cité des 333 saints s’est vue décernée le prix Kadhafi des droits de l’Homme. La cérémonie de remise du prix, effectuée en présence du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, a été précédée d’un symposium scientifique sur « Les manuscrits de Tombouctou »Le Comité populaire international du prix Kadhafi des droits de l’Homme a choisi, pour l’année 2007, la ville de Tombouctou comme lauréate du prix.

C’est, en effet, l’Institut Ahmed Baba et les bibliothèques de Tombouctou qui ont été choisis. La cérémonie de remise du prix s’est déroulée le mercredi 16 janvier, sous la présidence du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, en présence de Ahmed Ben Bella, ancien chef de l’Etat algérien et actuel président du Comité populaire du prix, et de nombreuses autres personnalités.

C’est la première fois, depuis la création du prix en 1989, qu’il a été remis aux lauréats hors de son siège. Cela traduit l’importance du choix du bénéficiaire. Car, si la Cité mystérieuse a été choisie cette année, c’est en raison de sa richesse culturelle et historique contenue, entre autres, dans des manuscrits, jalousement gardés depuis des siècles.

« Les manuscrits de Tombouctou » étaient justement au centre d’un symposium scientifique qui s’est déroulé pendant deux jours et qui a enregistré la présence d’éminents chercheurs et historiens venus de plusieurs pays dont la Libye, la Mauritanie, le Niger, le Liban et le Mali. Le colloque, intitulé « Droit des peuples à sauvegarder leur mémoire culturelle » a été présidé par Ahmed Ben Bella et Amadou Touré, ministre malien des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique.

Dans son mot de bienvenue, le ministre Touré a souligné que la mémoire est la présence du passé, c’est-à-dire sa reconstruction psychique et intellectuelle collective. Voilà donc posée la problématique du colloque qui tourne autour de questions essentielles comme les contenus de la mémoire collective des peuples afro-arabes musulmans perpétuellement agressée par une mondialisation qui tend à la dépouiller et à l’uniformiser sur le modèle occidental, la mémoire culturelle entre le droit et les devoirs.

Si les contenus de la mémoire culturelle sont généralement perpétués par une tradition orale, ce sont cependant les écrits, notamment ceux des érudits et des oulémas musulmans qui traduisent le mieux l’histoire sociale, culturelle, politique et économique des peuples. D’où l’importance des manuscrits. Mais ceux-ci ont été massivement pillés par les différents envahisseurs et, pire, ceux qui ont pu être gardés sont soumis à de mauvaises conditions de conservation. Si le centre Ahmed Baba a justement été primé cette année, c’est parce qu’il a pu réaliser de véritables performances dans ce sens.

Mais il est impérieux que l’Etat et la société lui emboîtent le pas pour la sauvegarde et la restauration des manuscrits, donc de la mémoire collective partagée des peuples africains. Pour le ministre Touré, il est temps que les universités et instituts de recherche procèdent à l’inventaire des manuscrits au moyen de programmes conjoints. Pour cela, il est nécessaire que les pouvoirs publics conjuguent leurs efforts pour mettre en place un fonds compétitif de recherche pour mieux comprendre leur histoire, mieux la conserver et mieux l’enseigner aux futures générations.

En attendant, le prix qui vient d’être décerné servira à la construction à Tombouctou d’un centre de conservation des manuscrits dont la première pierre a été posée le samedi 19 janvier 2008.Par ailleurs, un département d’études et de recherches Arabe a été ouvert, deux jours auparavant, à la faculté des langues et des sciences humaines de l’université du Mali.Le comité populaire international du prix Kadhafi des droits de l’Homme est une organisation populaire, internationale non gouvernementale s’occupant des droits de l’homme et des peuples, sans discrimination entre les ethnies, les races ou les religions.

Son objectif est d’honorer les symboles de la lutte en faveur de la liberté pour l’ensemble de la race humaine, des nations et peuples. Il s’agit également de renforcer la lutte pacifique pour le triomphe de la liberté, de lutter contre le racisme, et de contribuer à propager l’importance des droits de l’Homme.Le Comité a été crée en 1988 en Libye lors d’un congrès général extraordinaire du peuple qui a également promulgué la grande charte verte des droits de l’Homme.

Premier prix des droits de l’Homme, le Comité a été enregistré à Genève en tant que ONG membre du conseil économique et social de l’ONU. Il est présidé par Ahmed Ben Bella, ancien chef de l’Etat algérien.Le premier prix a été décerné, en 1989, à Nelson Mandela. Depuis, en ont bénéficié d’autres personnalités comme l’américain Louis Farakhan de la « Nation de l’Islam », en 1996, ou Fidel Castro, président cubain, en 1998 ; des groupes de personnes comme les enfants de l’Intifada en Palestine, les enfants victimes en Bosnie Herzégovine ; et des institutions dont le Centre africain pour la lutte contre le SIDA en 1992.

Source:Malikounda

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