jeudi 4 septembre 2008

Que sont-ils devenus ? Cheick Fantamady Keïta


Les aînés peuvent le confirmer. Cheick Fantamady Keïta n'a jamais été celui qui laisse le destin choisir pour lui.
Au moment où toute l'Afrique prédisait une riche et brillante carrière de footballeur au goaleador de Yaoundé 72, les vicissitudes de la vie ne lui facilitaient guère les choses. À 59 ans, marié et père de cinq enfants dont deux filles, l'ancienne gloire du football malien conserve toujours au fond de lui, les fraîcheurs de sa jeunesse.

L'ancien sociétaire du Réal qui vit en France depuis plusieurs années, vient d'effectuer un bref séjour à Bamako avec sa fille cadette Nana Keita et son époux Alexandre Cohard. Nous sommes venus rendre visite à la famille. Que devient donc Fantamady Keïta ? "Je suis un salarié dans une entreprise de manutention à Mourtieu dans le Savoie.

J'ai fait de la comptabilité et je m'occupe des armoires électriques pour l'électricité de France. Et cela depuis 15 ans" répond-il. C'est par le biais du sport que l'ancien goleador des Aigles a pris s'est retrouvé dans cette localité en 1985. "J'ai mis fin à ma carrière de footballeur et je me suis établi dans cette ville avec ma famille.

J'ai passé plus de 30 ans sans revenir au Mali, mais depuis 2005 je ne rate pas d'occasions pour revenir dans ma patrie", confie Fantamady Keïta qui a quitté le Mali après la campagne de Yaoundé 1972 en direction de la France où il était convoité par plusieurs grands clubs. "Salif Keïta avait pris des contacts pour moi à St Étienne.

La démarche n'a pas abouti pour la simple raison que les 5000 F français (environ 500.000F cfa) proposés par ce club comme salaire mensuel ne me convenait pas. Dans ma tête je devais aussi pouvoir poursuivre mes études. C'est finalement le docteur Loreal, un ophtalmologue breton qui travaillait à l'IOTA, qui m'a trouvé un contrat à Rennes.

J'ai fait trois saisons difficiles. Je tenais à poursuivre mes études, mais ce n'était pas possible de combiner sport et études. Les dirigeants rennais voulaient coûte que coûte que je me consacre exclusivement au football. J'ai donc claqué la porte et je suis allé à Philadelphie aux USA. Là aussi les choses n'ont pas marché. Le club américain n'a pas voulu accepter ma proposition de 10 millions de F cfa et je suis revenu au bout d'une année à Rennes. Par la suite, j'ai été constamment sollicité comme sauveur par beaucoup d'équipes.

C'est vrai que mon amitié avec Pironi, journaliste au quotidien français, l'Équipe m'a facilité beaucoup de choses en France, mais aussi en Espagne et au Portugal", raconte Fantamady Keïta. Selon notre compatriote, lorsqu'il est revenu en 1979 en France, il était alors âgé de 35 ans et ne pouvait plus prétendre au haut niveau.

C'est donc chez les amateurs de Chaumont que Fantamady Keïta posera ses valises à son retour dans l'Hexagone.De Yaoundé 72, Fantamady Keïta retient encore beaucoup de souvenirs, mais pas forcément des bons : "Le stage de préparation pour la coupe d'Afrique a beaucoup perturbé mes cours au Lycée Badala. Les dirigeants du Réal avaient évoqué à l'époque que la CAN allait coïncider avec le Bac, alors que je devais passer cet examen. Il y a eu beaucoup de rumeurs autour de cela.

Certains pensaient qu'on allait me faire admettre directement à l'examen. Sachez qu'après la campagne de Yaoundé, j'ai effectivement fait un examen spécial de Bac. Mais, les sujets qui m'ont été soumis concernaient des cours intervenus au moment où j'étais en stage avec l'Équipe nationale. Je n'ai pas pu les traiter et j'ai échoué. Cela m'a beaucoup perturbé, car je tenais plus aux études qu'au football. On a dit aussi que le colonel feu Tiécoro Bagayoko avait donné des promesses fermes à ce sujet. Il n'en est rien.

Tiécoro a beaucoup fait pour moi. C'est lui qui m'a offert un terrain que j'ai d'ailleurs construit. Cet homme m'a beaucoup aimé et a fait beaucoup de choses pour mes autres camarades. Paix à son âme", dira l'ancien attaquant des Aigles.Cheick Fantamady Keita a également quelques griefs contre les instances sportives du pays.

"J'étais dans une situation qui ne permettait pas de suivre la marche du football au Mali. Puis les responsables sportifs m'ont carrément ignoré. Je n'avais des nouvelles qu'à travers mes camarades et amis. Il y a aussi cette histoire de jubilé qui fait partie de mes griefs. Car j'avais fait des démarches au niveau de mes amis en France. L'Union nationale des footballeurs professionnels a collecté des fonds pour mon jubilé.

Lorsque nous avons pris contact en 1988 avec les autorités sportives du Mali pour l'organisation, elles ont traîné les pas. De son côté, la fédération m'a demandé de financer le jubilé. C'était une façon de boycotter. L'UNFP a donc répondu qu'elle préfère me remettre les 20 millions exigés par la fédération plutôt que d'organiser un jubilé.

Les responsables sportifs maliens m'ont dit d'attendre et à ma grande surprise, il y a eu des jubilés pour Métiou, Sadia Cissé et Cheich Diallo", regrette aujourd'hui l'ancien coéquipier de Bacou Dravé et Salif Keita Domingo qui espère rentrer définitivement au bercail après sa retraite.

Source:Essor

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