mardi 15 avril 2008

SANTE PUBLIQUE Le Mali à la croisée des chemins

Les indicateurs de santé de notre pays sont parmi les plus bas au monde. La 4e Enquête démographique et de santé (EDSM-IV), qui est une confirmation de cet état de fait, fait des révélations alarmantes.

L’accès à des soins sanitaires de qualité est un casse-tête chinois pour les Maliens. Les défis sont énormes à relever dans un pays où les indicateurs de santé ont prouvé tout le long chemin à parcourir en matière de santé. La 4e Enquête démographique et de santé (EDSM-IV), qui a été réalisée d’avril à décembre 2006, est le témoignage éloquent de notre mauvaise posture sanitaire : politique inefficace, manque d’infrastructures et de personnels, surtout en milieu rural.

Dans ces zones, la fécondité fait des ravages parmi les adolescentes, dont « 36 % ont déjà commencé leur vie féconde : environ 30 % ont déjà eu au moins un enfant et environ 5 % sont enceintes d’un premier enfant ». Aussi succombent-elles très souvent à cause de leur âge, mais aussi à cause du manque de soins sanitaires requis.
Liée à la fécondité, la planification familiale laisse encore à désirer en dépit des « campagnes de sensibilisation » menées par les autorités. Les méthodes contraceptives sont peu utilisées et les enfants naissent successivement les uns après les autres dans des conditions extrêmement difficiles.

Conjuguées aux effets de la fécondité chez les adolescentes, la mauvaise politique de planification familiale produit une hécatombe dans les milieux ruraux.

Le paludisme est l’une des maladies les plus redoutées au Mali. Et l’EDSM-IV a révélé que le fléau prend des tournures inquiétantes. Et le paludisme est même la première cause de mortalité. « Au Mali, le paludisme demeure l’endémie majeure et la première cause de morbidité et de mortalité dans les groupes les plus vulnérables, notamment les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes », révèle l’enquête. Selon un médecin généraliste, « ce n’est pas la campagne de moustiquaires imprégnées offertes gracieusement aux citoyens qui peut vaincre le paludisme. Tout le monde sait qu’elle doit être précédée et suivie de mesures non moins importantes ».

Le VIH/Sida a toujours une présence significative au Mali malgré la création du Haut conseil national de lutte contre le Sida avec une « prévalence de l’infection par le VIH au sein de la population générale estimée à 1,3 % ». Ce taux demeure loin des avancées annoncées par les autorités pour magnifier leurs « efforts ».

En plus de ces quelques chiffres, l’enquête aura mis à nu l’incohérence de la politique sanitaire du gouvernement. Car, comment comprendre que des mesures soient appliquées à l’insu des bénéficiaires ? L’un des présentateurs des résultats de l’EDSM-IV a même avoué qu’il est difficile de mener un programme de santé efficace avec des citoyens majoritairement analphabètes. Il a voulu suggérer au ministre de la Santé d’appliquer la politique de son département en tenant compte des réalités des Maliens.

En tout cas, l’EDSM-IV sonne comme un appel à l’action en ce sens qu’elle a identifié une multitude de failles qu’il faut surmonter avant de parler des « progrès significatifs ».

Source:Les Echos

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