jeudi 3 avril 2008

ESCLAVAGE Une réalité au Mali

L’esclavage est une réalité au Mali. Malgré la ratification de nombreuses conventions le condamnant, la pratique inhumaine n'a toujours pas totalement disparu dans notre pays, notamment en milieu nomade.

Les violations des droits humains sous forme d’esclavage persistent encore dans notre pays en ce 21e siècle.

Iddar Ag Ogazide et son fils Ahmed sont des exemples. Iddar Ag Ogazide est un jeune Touareg noir âgé de plus de 30 ans. Il est né esclave. Son père et sa mère étant des esclaves. Le jeune homme s’est libéré des chaînes de l’esclavage depuis quatre mois. Son fils, prêté en décembre 2007 à une maîtresse, a été lui aussi rendu à la liberté la semaine dernière grâce à la gendarmerie de Gao. Mais les deux petits frères d’Iddar Ag Ogazide, adolescents et orphelins restent toujours sous le joug d’esclavage. Car, il semble qu’au regard de la loi, Iddar ne peut pas prétendre à leur libération. C’est aux intéressés de se plaindre.

Au cours d’une conférence-débats dimanche dans le cadre du 3e Forum de Temedt à l’Institut de formation des maîtres (IFM) de Gao, sur le thème « l’esclavage par ascendance : réalités actuelles, disposition à prendre pour l’éradiquer », le cas d’Iddar a été au centre du débats.

« Les cas de violation que nous avons dénoncés devant les tribunaux sont encore au point mort. Nous avons touché tous les ressorts pour que l’action judiciaire soit enclenchée mais la triste réalité c’est que justice n’est pas rendue dans le cas de Ekadaye. Justice n’est pas encore rendue dans l’enlèvement de Moumou, car il n’est pas encore retourné en famille. Le dernier cas, celui du battant Iddar est actuellement devant le tribunal de Gao », a expliqué le président de Temedt.

Stratégies pour l’éradication
Le conférencier dira que « tout le monde doit avoir l’information sur le caractère illégal des pratiques esclavagistes et analogues. Les victimes et les maîtres doivent être informés des lois qui les répriment et des poursuites qu’ils encourent. Nous devons renforcer les certitudes en mettant en confiance les personnes en situation d’esclavage et de servitude afin qu’elles comprennent que des recours existent pour les sortir et des ressorts existent pour les soutenir dans leur nouvelle vie ».

A ses dires, « les voies juridiques et judiciaires doivent être privilégiées. Le public doit être informé et sensibilisé sur le caractère néfaste de ces pratiques et de leur persistance dans la société ».

Après l’exposé de Mohamed Ag Akeratane, les participants mauritaniens, nigériens et maliens ont fait des contributions. Beaucoup ont témoigné sur des cas existant dans leurs circonscriptions respectives.

Il ressort des témoignages sur le cas malien que l’Etat doit conduire une étude sur l’esclavage ainsi que sur les discriminations. Cette étude permettra de faire l’état de la question, de montrer l’ampleur du phénomène par région et par groupe ethnique, les domaines socio-économiques où ces pratiques sont les plus néfastes avant de proposer des solutions pour leur éradication.

Temedt, association des Tamashek noirs entend conduire des actions de plaidoyer en direction des décideurs nationaux et internationaux, les pouvoirs (exécutif, judiciaire, législatif) afin d’amener l’Etat et les partenaires au développement à tenir compte de l’existence de l’esclavage.

Source:Les Echos

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