vendredi 15 février 2008

USA-Mali: Pourquoi le silence autour d'Africom ?

Le président de la République, Amadou Toumani Touré, aurait-il parlé de tout sauf de l’essentiel lors de son dernier voyage aux Etats-Unis ? On ne peut s’empêcher de poser cette question après sa rencontre du 12 février 2008 avec son homologue américain, George Bush.

Les commentaires que les deux chefs d’État ont fait après leur entretien n’évoquent nulle part Africom (Africa Command), le nouveau commandement de l‘armée américaine dédié à l‘Afrique.«Le président et moi avons passé un certain temps à examiner les dangers que font peser les extrémistes associés à des groupes tels qu'Al-Qaïda.

Nous avons parlé de la nécessité d'une coopération étroite en vue de protéger les innocents contre ceux qui cherchent à les assassiner pour parvenir à leurs sordides fins politiques […] J'ai donc souligné au président, et je le réaffirme, que le Mali a signé et cautionné toutes les diverses initiatives en matière de lutte contre le terrorisme. Il est humainement inadmissible, inacceptable d'assister ou de rester indifférents à l'idée que nous assistons à certaines pratiques qui véritablement ne méritent pas d'exister», a expliqué Amadou Toumani Touré.

Par contre, le président américain et son hôte ont rendu compte des aspects humanitaires de la coopération entre leurs deux États. «Nous avons passé en revue toute une gamme de questions. J'ai été touché par le souci qu'avait le président Touré des conditions de vie du citoyen moyen au Mali. Nous sommes partenaires du président et du peuple malien par l'intermédiaire du Compte du millénaire.

L'une des raisons pour lesquelles nous nous sommes associés au gouvernement malien a trait à sa volonté de lutter contre la corruption et d'améliorer le niveau d'instruction et la santé de la population. C'est un pays qui professe un grand attachement aux droits de son peuple[…] Il est deux sujets qui revêtent une grande importance aux yeux de mon gouvernement, M. le Président : ce sont ceux que mon épouse Laura a abordés lors de son séjour dans votre pays.

Le premier est l'alphabétisation, le second l'éradication du paludisme», a affirmé George Bush.Quant à Amadou Toumani Touré, il a laissé entendre qu’il aurait pu venir aux États-Unis ne serait-ce que pour dire merci au président Bush. «Le président [américain, NDLR] a en effet lancé des initiatives en faveur non seulement du Mali, mais de toute l'Afrique, que nous estimons être des initiatives historiques.

Il s'agit de la Société du compte du millénaire, de la participation élargie à la lutte contre le sida dans le cadre du Fonds mondial, de l'initiative sur l'éradication du paludisme, sans oublier l'initiative présidentielle en faveur de l'alphabétisation en Afrique», a-t-il ajouté.Pourtant, en matière de coopération, la priorité du département d’État américain en Afrique est de trouver le plus rapidement possible un quartier général pour Africa Command et ses 400 à 1000 soldats américains.

Pour l’instant, le commandement est basé en Allemagne en attendant que les dirigeants africains ne soient plus réticents au projet. D’ailleurs, le Congrès américain, dans un rapport en 2007, s’était inquiété du fait que les tentatives initiales pour l’implanter ont été vaines. Les chefs d’État africains craignent en fait qu’il ne soit à terme une menace pour leur pays. George Bush et ATT ne pouvaient donc pas éviter ce sujet brûlant. La menace des groupuscules terroristes du Sahara qui ont fait allégeance à Al Qaïda se précise au Nord-Mali.

Source:Le Républicain

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