Après avoir travaillé pendant 32 ans à la Régie du chemin de fer du Mali, Mahamadou Kanté, âgé aujourd’hui de 58 ans, a été licencié le 30 septembre 2003. Six ans après, son amertume est toujours à son comble et il pointe un doigt accusateur sur le président de la République et Ousmane Issoufi Maïga, ministre des Transports à l’époque, accusés d’avoir bradé ce patrimoine national.
De l’école au Chemin de fer et du Chemin de fer à la rue : voici résumée la vie du sexagénaire Mahamadou Kanté. Licencié avec 617 autres agents à la suite de la concession du Chemin de fer en 2003, M. Kanté n’est pas prêt d’oublier ce jour fatidique du 30 septembre 2003. « Nous sommes partis au service ce jour-là, on nous a sorti une liste sur laquelle nos noms figuraient. Nous étions licenciés. Ce n’était vraiment pas honnête », se souvient-il. Commence alors pour ce vieux cheminot expérimenté une vie d’infortunes.
Marié à deux femmes et père de 12 enfants, il tente difficilement de joindre les deux bouts, surtout qu’il est à la retraite. « Tous nos droits n’ont pas été acquittés. Je vis très difficilement, il faut payer les fournitures, l’habillement, les médicaments avec la pension. Heureusement que mes épouses ont été compréhensives, elles ont pris mon licenciement avec philosophie.
Certains agents ont vu leurs épouses plier bagages pour de bon », dit-il.
l’origine de ce drame, M. Kanté pointe un doigt accusateur sur le président de la République, l’ex-Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga qui était à l’époque le ministre de l’Equipement et des Transports et la direction générale de la Régie.
Ré-nationalisationSelon lui, « ils ont tout simplement bazardé le Chemin de fer du Mali. ATT a été trompé et mal informé et il n’a voulu rien savoir.
Les ministres de Transports, Ousmane Issoufi et Abdoulaye Koïta qui ont bouclé le dossier ne connaissent rien du chemin de fer. Et ils n’ont pas voulu prendre les avis des cheminots de renom comme les Cheick Diombana, Cheick Kéita ou Cheick Doumbia ».
Aujourd’hui, dit-il, les faits ont donné raison aux cheminots déflatés. « ATT est allé payer des trains à 13 milliards de F CFA alors qu’il fallait seulement 5 milliards de F CFA pour redresser la société en son temps.
C’est trop tard maintenant, de Diboli à Koulikoro, ils ont licencié tout le monde et fermé 37 gares. Pis, ils ont transporté tous nos matériels au Sénégal. On est en train de tuer les pauvres tous les jours et l’on parle de lutte contre la pauvreté. On ne reconnaît même plus le Chemin de fer », affirme-t-il la gorge nouée.
Mahamadou Kanté verse sa bile sur le nouveau repreneur, Transrail. « Cette société n’a pas besoin du Mali, elle ne veut que ses intérêts, ses sous. Et au lieu de recruter des anciens cheminots comme prévu, elle prend des novices étrangers qui remplissent leur poche et partent. De l’égoïsme pur et simple ».
Pour ce vieux cheminot, le salut du Chemin de fer du Mali passe par sa ré-nationalisation. « Le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire ont tous récupéré les licenciés de leur chemin de fer. Pourquoi pas le Mali ? », s’interroge-t-il.
Source:Les Echos
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire